Le fantôme de la Bibliothèque des Futurs est un écrivain prophète originaire de Saint-Brieuc : Mathias Villiers de l’Isle Adam. On peut dire que L’Ève Future de Villiers de l’Isle Adam est un des romans qui a inventé la science-fiction.
Alexis Fichet s’est emparé de ce roman et l’a réécrit. Au cours de plusieurs soirées à Saint-Brieuc, dites «Lundis de Carmélie», le public a pu entendre cette métamorphose: de L’Ève future à L’Andréide.
Ce déplacement étrange et fascinant Alexis Fichet et Nicolas Richard nous l’ont fait partager dès mai 2016.
L’Andréide d’Alexis Fichet a ouvert une brèche, dessiné une perspective, suscité un désir qui ont joué leur rôle dans la fondation de la Bibliothèque des Futurs. C’est pourquoi nous considérons L’Andréide comme l’œuvre inaugurale du catalogue de la Bibliothèque des Futurs.
ouverture
Dans sa jeunesse en Serbie, puis durant les années passées au Mexique, la science-fiction était l’une des passions de l’entrepreneur en devenir : la littérature lui avait donné en rêve les clés des planètes et des galaxies lointaines, elle avait fait de lui un homme capable de visions. Elle avait aussi semé les graines d’une pensée inquiète, peuplée d’intelligences mal intentionnées et d’erreurs de calcul. Il avait grandi en se nourrissant d’histoires de conquête de l’espace parcourues d’androïdes et de robots plus ou moins aboutis, Star Wars, 2001 l’odyssée de l’espace, mais aussi les romans de K. Dick, d’Asimov : les intelligences artificielles peuplaient les voyages dans l’espace, elles étaient constitutives de ces aventures.
Tour à tour fasciné et terrifié, il était devenu l’un des hommes les plus puissants de la planète Terre, sans perdre de vue que la plupart des futurs imaginables seraient dystopiques, guerriers, voire apocalyptiques. Convaincu désormais d’être l’un des hommes clés des années à venir, il se trouvait écartelé en permanence entre son désir de faire le bien et la nécessité, pour y parvenir, d’augmenter son pouvoir et sa renommée, de spéculer avec acharnement sur sa puissance, quitte à franchir parfois les lignes de la sincérité et de l’honnêteté.
Consciemment, Roman Tesla faisait désormais partie de ces pompiers pyromanes, capable dans la même semaine d’alerter la population sur les dangers d’un monde virtuel incontrôlé, et d’investir dans des entreprises qui participaient à la saturation numérique des existences. La proposition de Mathias Columbus venait le provoquer sur un terrain qu’il n’avait pas pensé devoir investir personnellement, celui, sensible, plein d’espoir et d’affects, de la relation amoureuse.
Il réalisait maintenant qu’il n’avait jamais cru, profondément, que les technologies appliquées sur lesquelles il spéculait au quotidien puissent lui être destinées, à lui, être humain parmi les autres, amoureux malheureux.
Ce qu’en dit l’auteur
©2021 Alessia Rollo
Au tout départ, l’idée vient de mon père, Roland Jean Fichet, qui m’a dit il y a quelques années : tu aimes la science, tu es né à Saint-Brieuc, comme Villiers de l’Isle Adam, tu devrais réécrire l’Eve future, ce vieux roman de science-fiction. Et puis, après : de nombreuses lectures, des moments partagés avec le public de Saint-Brieuc, puis l’écriture solitaire, les envois de manuscrits, et enfin la belle rencontre avec les éditions de La Mer Salée, avec qui nous nous retrouvons sur tellement de domaines. Je ne me suis jamais pensé comme auteur de science fiction, et pourtant, depuis mon premier texte de théâtre (une errance un peu hallucinée dans la forêt birmane), j’écris à cet endroit où la science rencontre l’imaginaire.
Ce qu’en dit la presse :
Ouest France – 22/03/2021 – Agnès Le Morvan
Livres. L’andréide, ou l’idée d’un amour assisté par ordinateur.
Tout a démarré comme un défi, pour l’auteur et metteur en scène rennais, du collectif lumière d’août, Alexis Fichet. Curieux de la philosophie de l’anthropocène, lui, qui se définit lui-même comme un « scientifique frustré » a revisité L’Ève future du Breton Auguste Villiers de l’Isle Adam, « amoureux très malheureux, talentueux ». Ce roman publié en 1886 est considéré comme une des œuvres fondatrices de la science-fiction. « C’est la première fois qu’on y décrit un andréide. J’en ai gardé la structure, une forme très dialoguée, mais son roman était beaucoup plus gros et très misogyne ! »
(…)Alexis Fichet a écrit son roman avant le premier confinement. Ce dernier, précis, intrigant, trouve un écho pertinent, alors que nous vivons une époque où la distanciation et les relations virtuelles ont pris beaucoup de place.
points de vue
Étienne Vincent, Libraire & Éditeur pour Éditions Critic – Instagram
Pas beaucoup de temps pour lire en ce moment, mais j’ai lu d’une traite ce court roman (190 pages) d’un éditeur que je ne connaissais pas, par un auteur rennais que je ne connaissais pas non plus.
Et je dois dire que c’est une superbe découverte, j’ai adoré. Il s’agit ici d’une revisite de L’Ève future, un roman considéré comme précurseur en SF (et que je n’ai pas lu). Mais surtout, en lisant ce livre, j’ai eu des tas de bons souvenirs de lecture ou de visionnage. Pêle-mêle, on peut citer Rêves de machine pour le récit intimiste autour de l’intelligence artificielle, 24 vues du mont Fuji par Hokusai pour l manière d’aborder le sujet du transhumanisme, ou bien sûr Her sur le rapport à la voix de ladite intelligence artificielle.
Que d’excellents souvenirs, donc c’est plutôt un bon signe quant à la qualité du texte. J’ai beaucoup aimé la langue, et c’est là qu’on ressent l’auteur de théâtre, avec une fluidité dans les dialogues et un rendu oral très chouette, jouant pas mal sur le registre de l’allitération ou de l’assonance. Les amateurs de Damasio devraient aimer, il y a dans L’Andréide une conjonction commune entre le style et les thématiques. Et enfin, j’ai beaucoup aimé bien sûr la finesse de la reflexion transhumaniste, mais aussi la réflexion sur la science-fiction elle-même.
Alexis Fichet assume le côté SF de son récit (c’est une lecture qui peut tout à fait convenir à un lectorat plus généraliste) tout en interrogeant sur le côté “et si ce futur que je vous propose est déjà là ?” En tout cas, je recommande fortement ce roman, tout y est astucieux et intelligent, j’ai passé un excellent moment !
Roland Jean Fichet, Auteur
Au coeur de la Silicon Valley deux hommes puissants, scientifiques, entrepreneurs adulés,augmentent sans cesse leur pouvoir à coups de milliards et de slogans définitifs. Tandis que le premier prophétise, preuves à l’appui, que l’homme qui ne mourra pas est déjà né, le second prépare sa retraite sur la planète Mars. Pourtant, ils sont humains et leurs affaires intimes sont banales. Comment s’aimer quand la relation est médiatisée par des écrans et des intelligences artificielles? Comment faire l’amour à distance? On n’échappe pas à son humanité.
Du beau boulot. Ça parle. Ça excite les neurones. Ça tient en haleine.
Ce qu’en dit l’éditeur :
Conversation transhumaniste, au chevet des faiblesses humaines. Un huis clos intimiste et fascinant entre deux monstres sacrés et une créature.
Alexis Fichet nous entraine dans les méandres des deux esprits les plus brillants et les plus fous de la Silicon Valley. Le temps d’une nuit Roman Tesla, entrepreneur star aux ambitions martiennes et son père spirituel Mathias Columbus directeur de recherche chez Google, défient les frontières entre l’humain et la machine.
L’ Andréide, ultime invention de Columbus devient l’objet de leurs fantasmes d’immortalité, les confrontant à ce qu’est la vie, le mensonge, l’absence, la sensualité. Une plongée philosophique que l’auteur dépeint avec insolence.
Un roman qui vient questionner le technoprogressisme : Que peut-on attendre de la science face aux défis actuels ? À quoi joue-t-elle ? Fuite de la réalité ou promesse d’un nouveau monde ? Ce roman nous invite à nous interroger sur les promesses d’un monde connecté, hors sol.
actualités
Manuel Littéraire du retour en forêt – Création Théâtrale reportée et annulée déjà deux fois, toujours en travail.
Se fondre – Préface pour un livre photographique de François Lepage. éditions de Juillet, Rennes, juin 21
liens externes
