Boubacar Diakité

Interprétations

Vendredi soir

Toutes langues étrangères lui paraissaient inintéressantes. Car il pensait passer sa vie dans son hameau près d’une commune de deux cent quarante habitants sur une île de 42 km carrés. Un lundi en 2034, quand la tempête Calido frappa son île, il fut le seul survivant. L’eau a ravagé, anéanti son paradis sous ses yeux. Lui a eu la chance d’être sauvé par des secouristes volontaires français. Quand il a posé ses pieds sur un sol étranger, c’est là que tout a commencé. Comment s’exprimer ou comprendre les autres quand on ne parle pas la même langue, dialecte, code social ? Cette langue qu’il ignorait le tortura, le martyrisa, tordit sa propre langue, le frustra car il eut du mal à se faire comprendre. Cette rage lui donne faim et soif d’apprendre le français.

Il va au-delà du vocabulaire, il aborde la littérature et l’écriture, il dévore tout ce qui est lisible ou illisible. Il devient le maître de cette langue étrangère en tant qu’écrivain, mais il appartient dorénavant à cette langue qui définit son existence. D’après lui, tout ce qui appartient aux hommes, c’est leurs cultures, leurs croyances et leurs langues parlées. Pour un Homme chaque langage est étranger et pour une langue chaque vocabulaire est universel.