Bruno Hindahl

Interprétations

La réserve des choses

« Vivant, les réserves de l’être » –
J’avais traversé des heures liminaires et j’étais le seul à l’ignorer. Les larmes qui m’entouraient n’étaient pas de celles du Christ. Elles avaient, sans doute, le goût de l’angoisse ; elles avaient, celui, divin, de l’affection inconditionnelle ; elles avaient le goût terrible de l’attente et de l’incertitude ; elles avaient le goût, sucré et sacré, d’une fraternité en mouvement, incarnée et mobilisée, une fraternité élargie, protectrice, fondatrice et rassurante… Elles avaient les parfums de l’inattendu, de l’inconcevable, de l’inacceptable … elles avaient les essences de l’espoir et de l’espérance.

L’affection et la fraternité, animées et partagées, portées et colportées, m’ont sans doute été vitales. Le seuil sur lequel je vacillai étonnamment serein, ne me semblait pas invincible … Mais le plus long dans un voyage n’est-il pas, justement, de franchir le seuil ?
A l’orée de ma mort, me tourner vers le passé ou me réfugier vers le futur, aussi incertain et fragile semble-t-il ? Je n’ai pas choisi …
Chacune et chacun, à sa manière et avec tendresse, s’est un peu transformé en expression des mystères de la vie et m’a invité à reconnaître et apprivoiser l’envie et le besoin de se retrouver au cœur de cette Baie briochine, et, peut-être, de tenter figurer, ensemble, une espèce de synthèse de la recherche d’un bel être individuel à la volonté dédiée à un bien-être collectif qui nous enivrerait.