Fouad Souak

Interprétations

F.A.M.

Qui est le colonel ?

Le Personnage de Roman n’est pas une nouvelle et n’est pas (non plus) une pièce de théâtre. Ce récit n’est pas un manga. Il n’a pas de genre. Et si d’aventure F.A.M. était d’un genre nouveau, cette démarche le classerait et ce n’est pas notre but.

Alors voilà en réalité la première confrontation à laquelle le lecteur doit faire face.

Au fond, on ne sait pas non plus contre qui le Personnage de Roman se bat. Ce que l’on apprend, c’est que les combats ont leur propre genre, répondent à leurs propres règles, s’illustrent ou se dérobent sous des formes variées, inédites et souvent irréelles.

À la coordination des affrontements, il y a le Colonel dont on ne sait rien non plus de son identité, de sa forme, de sa nature ou encore de ses idées. Le Colonel est à l’image du texte. Il ne répond pas ni à la logique de la nature ni à celle d’une définition ou d’un genre établi. Il est tantôt maître des armées, tantôt l’armée lui-même, tantôt l’arme, tantôt le sujet du combat, tantôt les raisons de l’armistice.

Le Personnage de Roman et le Colonel empruntent à l’imaginaire et l’imaginaire engendrent leurs combats.

À travers eux, car il n’existe pas de Colonel sans le Personnage de Roman comme il n’existe pas de Personnage de Roman sans le Colonel et ses troupes, il est tout à fait évident que le « système » n’existe qu’à travers les luttes de celles et ceux qui le combattent. Voilà où le bât blesse, qui représente le système ?

Puis, au détour d’une pensée du Personnage de Roman

« Tout ce que je fais a pour base la vie !

Les outils du Personnage de Roman sont souvent des histoires… des histoires racontées… des histoires… qu’elle raconte… de nouvelles versions qui déplacent et renversent les dualismes hiérarchiques qui organisent la construction des identités sur les bases d’une soi-disant nature ! »

Derechef, le Colonel prend davantage de sens. Ses formes se dessinent à l’aune de cette déclaration. Dès le départ, les forces en présence étaient si déséquilibrées, si défavorables au Personnage de Roman, que l’on ne comprenait pas son acharnement.

Puis, d’une pensée, le champ de bataille s’éclaire.

Le Colonel révèle son identité.

Il se mue en un personnage de roman.