Léon Bonbois

Interprétations

Dans les jardins d’electropolis

Face à l’impensé

La première phrase du texte de Lancelot Hamelin est sans équivoque : « Oui, sauvez le messager même si le message  n’est pas agréable. A vous de résoudre le problème qu’il y a dans le message. »
Et je pense tout de suite à cette phrase du conte  Zouézo la Jole (1) qui dit  « qu’un bon messager ne doit pas toujours comprendre le sens du message qu’il porte ».  Derrière la dimension onirique, on trouve une vraie poésie, «  au bord du visible ». Mais il faut être disponible pour ce regard et entrer dans l’écriture de l’auteur. Certaines situations n’ont d’éclat que dans leur effacement. L’invisible se devine intuitivement, même si on ne le connaît pas.
Peut-on produire de la compréhension face à l’impensé ?
Au cœur du texte, l’enjeu est le déploiement d’éléments d’écriture comme la répétition – « La cause ? Quelle est la cause ? Comment en finir avec la fin ? Peut-on en finir  avec la fin ? » le biais ou le détour, par delà la distinction des catégories : littérature, philosophie, dramaturgie, poésie ou anthropologie…

Autres questions : Qui s’intéresse à demain ? Et pourquoi ?
Tout y est dans cet écrit  : l’histoire, les failles, l’être, la modernité et ses risques. La réalité actuelle est-elle seulement un engagement dans une spirale destructrice, accro au mystère, aux discussions par clavier interposé qui coupent la vie en deux :  Identité cybernétique ou le vrai soi-même ?
Pour finir, je dirais que la langue ne se définit ni par  sa nature, ni par son origine, mais par son usage. Le langage nous institue dans une structure ( psychique, sociale, culturelle ). Et chacun des auteurs nous fait partager par leur inventivité, une aspiration inquiète, « un incertain » qui remet en cause notre propre équilibre.

 (1) Zouézo la jole qu’on peut traduire du créole par « l’oiseau en cage ». Ce conte est adapté de la tradition Soufi  » Le roi et l’oiseau », attribué à Djalal Al Din Rumi, publié dans le recueil Le Menesvi chez Albin Michel – Revue Politis – N°562- 19 Août 1999.

Vendredi soir

Dans le beau texte Vendredi soir d’Alexis Fichet, l’île, la mer, les horizons incertains nous ferment les perspectives et pourtant, l’histoire est là, elle ramasse.
Je pense à cette réflexion de Tukaram, le grand poète mystique indien du 17 ème siècle, qui disait : « Je suis venu de loin, j’ai souffert des maux effrayants et j’ignore ce que me réserve mon passé ».
Tout ceci est vrai en ce qui nous concerne. Nous sommes toujours confrontés à la fois au dépassement et à la récupération de notre passé pour se projeter. Alors, que faire ? Faut-il attendre tranquillement dans l’instabilité d’une identité fragile, les effets de ce passé ?
Je fais le parallèle avec cette strophe de René CHAR :
« Seuls aux fenêtres des fleuves
Les grands visages éclairés
Rêvent qu’il n’y a rien de périssable
Dans leurs paysages carnassiers » :
Les observateurs et les rêveurs.
Poèmes militants – 1932

Tout y est dans cet écrit : l’histoire, les failles, l’être, la modernité et ses risques. La réalité actuelle est-elle seulement un engagement dans une spirale destructrice, accro au mystère, aux discussions par clavier interposé qui coupent la vie en deux : identité cybernétique ou le vrai soi-même ?
Pour finir, je dirais que la langue ne se définit ni par sa nature, ni par son origine, mais par son usage. Le langage nous institue dans une structure ( psychique, sociale, culturelle ). Et chacun des auteurs nous fait partager par leur inventivité, une aspiration inquiète, « un incertain » qui remet en cause notre propre équilibre.